Les deux ‘aureliani’, illustrés ci-après, issus de la troisième officine (marquée C) de l’atelier de
Lyon pour Numérien Auguste avec au
revers MARS VICTOR présentent une liaison de coin de
revers; un coin,
par ailleurs, fauté (C inversé dans le champ à droite).
Ils sont répertoriés dans le corpus de P.
Bastien respectivement sous les numéros B. 546 (1 ex.) et B. 547 (4 ex.), classés dans la 6e émission et
datés de août 283-début 284.
Ils présentent également, tous les deux,
des liaisons de coins avec divers ‘aureliani’ illustrés dans ce corpus : le numéro B 546 avec le numéro B. 543 b (Pl. LV) pour le coin d’
avers - lié à un coin de
revers non fauté- et avec le numéro B.546 b (Supplément II, Pl.
XII) pour le coin de
revers; le numéro B. 547 est probablement lié avec les deux coins du numéro B. 547 c (Pl. LVI).
Par ailleurs, le coin d’
avers au buste
cuirassé de
face de cette série (outre la présente monnaie et celle reprise dans le corpus de
Bastien -B 547 c- elle comprend notamment les exemplaires de la vente J. VICO du 13.VI.2013 lot 3214 et de la vente Time Line
Auctions du 21.II.2017 lot 3301) comporte un élément, certes anecdotique, mais singulier : les ptéryges de l’épaule droite de l’empereur ne sont pas surmontées d’une boucle. Cette particularité semble unique pour le monnayage lyonnais de Numérien (et de
Carus). Son caractère exceptionnel permet de l’attribuer probablement à l’inattention d’un graveur au début de la confection
des nouveaux
portraits d’
avers,
cuirassés de
face, pour Numérien lors du changement du
type de buste utilisé.
Les diverses liaisons de coins font donc apparaître une frappe, certes fautive, mais bien intégrée dans le ‘continuum’ du monnayage, notamment lors de la transition entre le buste hérité du césarat avec une légende longue et celui
cuirassé plus spécifique à l’augustat avec une légende racourcie. Cette continuité dans les frappes, - permanence
des types de
revers et adaptation
des légendes -, remonte à la fin 282 ou au début de l’année 283 peu après la nomination de Numérien au césarat. Elle se poursuit sous l’augustat de Numérien avec une première série (légende longue et buste vu de dos) émise après la nomination de Numérien (environ 25 %
des frappes) probablement du vivant de
Carus, suivie sans rupture
par une série marquant une promotion hiérarchique s’accompagnant d’une modification
des symboles protocolaires courants (buste
cuirassé de
face et légende courte). Ces changements peuvent être liés à la prise en compte partagée
des récents succès de la campagne orientale. Elle tendrait à faire privilégier une chronologie
des frappes lyonnaises du premier semestre 283 rythmées
par des décisions intitutionnelles et dynastiques répétées prises
par Carus lui-même (césarat puis augustat) avant sa propre disparition à l’été 283.