TACITE, Histoires, 2,82 : "
Parmi les soins de la guerre, le premier fut de faire des levées et de rappeler les vétérans. On désigne des villes fortifiées pour y fabriquer des armes; on frappe à Antioche des monnaies d'or et d'argent, et tous ces travaux, dirigés par des mains habiles, exécutés chacun à leur place, avançaient avec rapidité. Vespasien les visite en personne, encourage les travailleurs, anime l'activité par ses éloges, la lenteur par son exemple, usant plus souvent de persuasion que de contrainte, et dissimulant les vices de ses amis plutôt que leurs vertus. Il distribua des charges de procurateurs et de préfets; il décora de la dignité sénatoriale beaucoup d'hommes que d'éminentes qualités élevèrent bientôt aux premiers honneurs: il en est toutefois à qui leur bonne fortune tint lieu de mérite. Quant au don militaire, Mucien dans sa première harangue ne l'avait que laissé entrevoir, et Vespasien lui-même n'offrit pas plus pour la guerre civile que d'autres en pleine paix: ennemi sagement inflexible de ces largesses qui corrompent le soldat, et par cela même mieux obéi de son armée. Des ambassadeurs furent envoyés chez le Parthe et l'Arménien, et l'on pourvut à ce que les légions employées à la guerre civile ne laissassent point derrière elles les frontières découvertes. Il fut réglé que Titus pousserait les succès en Judée, et que Vespasien garderait les barrières de l'Égypte. On crut que c'était assez contre Vitellius qu'une partie des troupes, Mucien pour chef, le nom de Vespasien, et une puissance qui triomphe de tout, les destins. Des lettres écrites à toutes les armées, à tous les lieutenants, recommandaient de mettre à profit la haine des prétoriens contre Vitellius, et de les gagner par l'espoir de reprendre du service. "
Tacite nous parle donc de cette émission
monétaire, et pourtant quand on ouvre le R.I.C., on se demande bien où sont passées ces monnaies frappées à Antioche : les premiè
res monnaies portant le nom de Vespasien, en plein préparatifs pour la guerre civile, dont parle Tacite.
Références :
RIC - ;
Cohen 588 ;
BMC 498
Fiche :
http://www.fredericweber.com/collection_frederic_weber/vespasien_denier_antioche_victoria.htmLe R.I.C. a en effet, oublié cette émission aujourd'hui très
rare. Un exemplaire très usé et troué fait pourtant partie de la
collection du British
Muséum,
indéniablement frappé à Antioche au tout début de la guerre civile puisqu'il reprend un thème cher à la guerre civile et que son
style est bien celui d'une cité asiatique. Ces monnaies largement sous-estimées
par Cohen (2 fr. !!!), ignorées
par Le R.I.C. n'en sont pas moins
des raretés d'une grande importance historique et l'une
des seules émissions
monétaires à avoir eu l'honneur d'être citées dans un texte historique romain (l'autre exemple est le denier de
Brutus EID MAR).
Notes :
- A ma connaissance, aucune monnaie en or de cette première émission n'est actuellement connue.
- Il n'existe aucun exemplaire de ce denier parmis les 1731 deniers de Vespasien du trésor de Réka-Devnia.
- Manque à la
collection de la Bibliothèque nationnale de
France.
-
Cohen donne sa source pour cette monnaie : "Elberling", mais ne donne pas la titulature complète qui est illisible sur son exemplaire de référence : il mentionne donc "
IMP CA ... ANVS
AVG", ce qui laisse penser que l'exemplaire connu de lui est celui qui entra plus tard dans la
collection du British
Muséum puisque c'est exactement la partie de légende lisible sur
BMC 498.
Pour comparaison de
style, un téradrachme d'Antioche :
SYRIA: Seleukis ad Pieria
Antioch Vespasian,
Tetradrachm