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Author Topic: Julien de Pannonie d'aprés A. Victor: un corrector ?  (Read 4100 times)

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Offline AMICTUS

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Julien de Pannonie d'aprés A. Victor: un corrector ?
« on: October 09, 2014, 04:56:44 am »
Julien de Pannonie d’après le texte d’Aurelius Victor: un ‘corrector’ ?

Une série de notes (en anglais) sur l’usurpation de Julien de Pannonie a été mise en ligne sur ce site (Forum Ancient Coins), conclue par une note proposant une nouvelle lecture du passage du texte d’Aurelius Victor considéré comme indiquant la charge occupée par l’usurpateur lors de sa rébellion à l’automne 283 de notre ère. (Livre des Césars,  § 39, 10, deuxième phrase).
Dans la mesure où les deux plus récentes traductions du Livre des Césars sont en français et en anglais il peut être utile d’avoir une version en  français de cette nouvelle lecture du passage en question. L’essentiel de l’argumentaire, en anglais, qui l’accompagnait est repris ci-après en français.

1. L’affirmation traditionnelle selon laquelle Julien de Pannonie aurait été ‘corrector’ (gouverneur) de Vénétie  a mis en opposition certaines sources antiques (‘corrector’ ou préfet du prétoire) et a rendu incertaine la chronologie de cette usurpation. Elle aurait demandé, pour être assurée, que le texte d’Aurelius Victor contînt à tout le moins une formule du type  ‘Venetiae correcturam ageret’ ou ‘Venetiae corrector’ ou  simplement le terme  ‘corrector’. Ce n’est pas le cas. La phrase d’Aurelius Victor est beaucoup plus ambigüe: ‘cum Venetos correctura ageret’ avec un ‘cum’ qui n’est pas temporel mais causal en lien direct avec ‘processerat’.
Cette lecture traditionnelle (sous l’influence de la prosopographie ?) introduit, de façon peu vraisemblable, un élément purement institutionnel/administratif dans un texte rapportant essentiellement  les marches et contre-marches des deux adversaires. Elle prive aussi le texte de la confirmation que la rébellion a bien débuté en Illyricum (Siscia), puis s’est développée vers l’Italie via la Vénétie, pour s’achever par une défaite dans les environs de Vérone. Enfin elle fait disparaître du texte d’Aurelius Victor une opinion et/ou une caractérisation,  mentionnée en passant, de la rébellion considérée comme une ‘correctura’.

2.  Le contexte, le texte et la terminologie (le terme de ‘correctura’) font pourtant apparaître un traitement succinct mais précis, et favorable, de la tentative de prise du pouvoir de Julien de Pannonie s’opposant ainsi au ‘tyran’ Carin.
a)  Le contexte historique du Livre des Césars, rédigé à un moment où les relations entre le quasi-homonyme du IVéme siécle, Flavius Claudius Julianus (avec une possible allusion à la situation contemporaine de celui-ci en butte aux mauvais conseillers de Constance) et Flavius Julius Constantius se dégradent, rend encore plus difficile le traitement d’une usurpation, toujours délicat pour les auteurs antiques en raison de la question très sensible de la légitimité et de la rareté des informations. Toutefois le sujet devient plus aisé à traiter si l’empereur légitime est considéré comme un ’tyran’ - c’est le cas de Carin-; l’usurpateur s’opposant à un tyran -c’est le cas de Julien de Pannonie- pouvant alors être considéré  de façon relativement favorable. La prudence restant  néanmoins de mise, le texte d’Aurelius Victor comporte, pour évoquer la rébellion, une litote, un euphémisme et une omission; une litote pour présenter les habitants de la Vénétie comme instrumentalisés par Julien de Pannonie; un euphémisme pour qualifier la tentative de celui-ci de ‘correctura’  alors qu’il s’agit bien en réalité d’une usurpation; une omission de la fonction de Julien de Pannonie pour ne pas faire l’éloge d’un préfet du prétoire, tout compte fait, déloyal.
b) Le texte d’Aurelius Victor comporte trois phrases au sujet de la rébellion, essentiellement consacrées aux mouvements des adversaires. La première rapporte, sur un ton neutre, la réaction rapide de Carin se dirigeant d’abord vers l’Illyricum où a éclaté la rébellion, puis obliquant vers l’Italie. Une deuxième phrase indique  que c’est en Italie que l’armée de Julien de Pannonie a été défaite et que celui-ci a été tué. Alors que les éléments essentiels constitutifs de l’usurpation ont déjà été mentionnés (nom de l’usurpateur, date de la rébellion, lieux du début et de la fin de celle-ci), une troisième phrase reprend  favorablement le développement de la rébellion,  maintenant du point de vue de Julien de Pannonie, en donnant sa motivation et en mêlant sa marche vers le pouvoir impérial avec son avancée vers l’Italie du Nord dans le temps où Carin était en mouvement afin de le combattre.
c) Le terme ‘correctura’ est utilisé pour qualifier positivement, par euphémisme,  la tentative de Julien de Pannonie. Celui-ci, qui a été loyal du vivant de Carus, un ‘bon’ empereur dont il était probablement un des compagnons,  s’est révolté rapidement  après la mort de Carus contre son fils Carin, un ‘tyran’. Le mot ‘correctura’ est utilisé, dans le cas présent, non pas pour indiquer une éventuelle fonction de ‘corrector’ de Julien de Pannonie mais dans un sens plus large, par synecdoque : il s’agit de l’ensemble des mesures de redressement qu’ un ‘corrector’ est supposé prendre au niveau régional mais transposé au niveau de l’Empire et avec un sens politique beaucoup plus général parce que mis en œuvre par un empereur. Couvrant la période où Julien de Pannonie est encore en route vers le pouvoir impérial le terme ‘correctura’ définit donc son projet politique (repris, entre autres, par le revers LIBERTAS PUBLICA de ses aurei) consistant en un retour à une ‘bonne gouvernance’ en opposition au ‘gouvernement tyrannique’ de Carin. C’est ce projet qui lui a permis d’entraîner les habitants de la Vénétie (ou leurs représentants influents civils et militaires) dans son action.
 
3.  La nouvelle lecture du passage du texte d’Aurelius Victor (Livre des Césars § 39, 10) pourrait donc être la suivante : « Là (en Italie), après avoir bousculé son armée, il tue Julien. En effet, celui-ci, très désireux à la suite de l’annonce de la mort de Carus de s’emparer du pouvoir impérial, puisqu’il entrainait les habitants de la Vénétie par son action pour une bonne ‘gouvernance’,   s’était avancé à la rencontre de l’ennemi qui approchait » .
Cette lecture préserve la cohérence du texte relatant principalement des mouvements militaires  en expliquant pourquoi Carin en marche vers l’Illyricum, où la rébellion a éclaté, a ensuite fait  un détour en Italie (selon les indications fournies précédemment par le Livre des Césars § 39, 9.), où les troupes de Julien de Pannonie ont entretemps progressé. Elle confirme que la marche de Julien de Pannonie vers le pouvoir impérial après la mort de Carus, est  liée à sa progression vers l’Italie du Nord à partir de l’Illyricum (Siscia). Enfin elle conserve au texte l’appréciation synthétique et prudente mais positive qui y est portée sur la tentative de prise de pouvoir par Julien de Pannonie, à savoir une action pour une ‘bonne gouvernance’, en opposition à un ‘tyran’.

4. Cette nouvelle lecture réduit fortement les divergences entre les sources antiques. Elle permet même de considérer qu’elles se confortent les unes les autres. Elle confirme l’expansion de la rébellion éclatant en Illyricum (texte d’Aurelius Victor et monnayage de Julien de Pannonie à Siscia) puis se développant vers l’Italie du Nord en ralliant les représentants des Vénitiens (texte d’Aurelius Victor et texte de Zosime -rôle des commandants de légions italiens-) pour s’achever lors de la bataille aux environs de Vérone (texte du Pseudo Aurelius Victor: ‘in campis Veronensibus’). La fonction de préfet du prétoire  de Julien de Pannonie (indirectement texte de l’Histoire Auguste, Vita Cari, § XVI, 4 et texte de Zosime) n’est plus en question parce qu’elle est parfaitement possible au moment de la rébellion, à l’automne 283 de notre ère (Julien de Pannonie et Aper, suivis en 284 de notre ère par Aristobulus et Aper) et aucune source n’indique plus désormais qu’un autre poste aurait été occupé par Julien de Pannonie. Enfin la divergence au sujet de la date de la rébellion (‘Cari morte cognita’ ou après la mort de Numérien) a été tranchée par la numismatique: les monnaies de Siscia confirment la date de l’automne 283 de notre ère.
En définitive Aurelius Victor est parfaitement correct en indiquant que la rébellion de Julien de Pannonie a eu lieu ‘Cari morte cognita’, soit à l’automne 283 de notre ère tout en étant silencieux sur le poste occupé par celui-ci.



Offline Potator II

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Re: Julien de Pannonie d'aprés A. Victor: un corrector ?
« Reply #1 on: October 10, 2014, 06:00:08 am »
Merci pour cette traduction Amictus

JC

 

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