Les deux monnaies illustrées ci-après, frappées pour
Carus à
Ticinum, présentent trois particularités.
La première est celle d’avoir, à l’
avers, une titulature courte (couplée à un buste radié, drapé,
cuirassé, de dos vers la droite) comportant la graphie hellénisante KARVS :
IMP C KARVS
P F AVG. La combinaison de ces deux éléments est
rare. La graphie KARVS, très courante au cours de la première émission de
Ticinum avec une légende d’
avers longue se raréfie au cours de l’émission suivante pour disparaître lors de la troisième émission. Les monnaies avec ce
type de légende d’
avers sont issues d’un nombre très limité de coins, - certains avec un buste
cuirassé de
face -, mais utilisés dans la plupart
des officines de l’atelier, avec, semble-t-il, une prépondérance pour la cinquième officine. Cette disparition progressive de la graphie KARVS, en quelques semaines, accrédite l’hypothèse d’un malentendu initial à un haut niveau dont les
conséquences, certes tolérables, ont néanmoins été, progressivement, circonscrites malgré l’utilisation généralisée
des coins ‘fautifs’.
La seconde est celle d’être issues du même coin d’
avers. Le
style de cet
avers radié, drapé et
cuirassé de dos, correspond très bien à celui d’
avers précédemment gravés et couplés à la titulature longue utilisés pour la quatrième officine lors de la première émission.
La troisième, enfin, est celle d’avoir été frappées au titre de deux officines différentes de l’atelier de
Ticinum. En effet, l’une comporte un
revers VIRTVS AVG marqué Q (quatrième officine - 3,8 g- Fig. 1.), l’autre un
revers PERPETVITATE AVG marqué V (cinquième officine-3,1 g- Fig. 2.). Elles ont donc été émises au commencement du règne de
Carus, au début de la deuxième émission
datée d’octobre 282, au moment où sont entamées les frappes pour Carin César (parfois orthographié KARINVS). L’é
tat de fraîcheur de ces deux frappes, un critère à la fiabilité limitée, semble indiquer un début d’utilisation au titre de l’officine Q, poursuivi (
par erreur ?) au titre de l’officine V.
Les liaisons de coins entre officines identifiées d’un même atelier sont relativement rares. Elles ont l’intérêt de confirmer que deux
revers appartiennent en principe à la même émission, avec les
conséquences chronologiques qu’il est possible d’en tirer. Elles sont surtout un témoignage sur l’organisation de l’activité de l’atelier et donc sur les modalités de son fonctionnement et du contrôle
des quantités produites.